"Les deux années de pandémie ont changé l'attitude des jeunes collaborateurs vis-à-vis de notre secteur."

DWS Bjoern Jesch

Bjoern Jesch
Directeur général de DWS CH AG, responsable mondial de Multi Asset & Solutions, CIO EMEA

Bjoern Jesch est directeur général de DWS CH AG, responsable mondial de Multi Asset & Solutions, CIO EMEA basé à Zurich. Il a rejoint l'entreprise en 2020 avec 26 ans d'expérience dans le secteur. Avant de rejoindre la société, Bjoern a travaillé comme Global Head of Investment Management au Credit Suisse. Avant cela, il était CIO et responsable de la gestion de portefeuille chez Union Investment.

 

Vous avez travaillé pratiquement toute votre vie professionnelle dans le domaine des placements : Qu'est-ce qui vous fascine toujours autant dans les marchés financiers ?
Aucun jour ne ressemble à un autre, c'est ce qui fait en grande partie la fascination du marché des capitaux. Il n'y a pas de règles fixes qui régissent le fonctionnement des marchés des capitaux. Chaque jour doit être réévalué et, surtout, des décisions de grande portée doivent toujours être prises. L'intelligence artificielle peut certes gagner des jeux comme les échecs ou le go grâce au deep learning, mais les marchés des capitaux et donc la gestion d'actifs restent en fin de compte un domaine humain. Toutefois, l'intelligence artificielle deviendra un instrument humain utilisable de diverses manières dans la gestion d'actifs. Il est tout aussi passionnant de suivre et de participer à l'évolution des domaines de la cryptographie et de la tokenization, qui sont poussés par la technologie.

Qu'est-ce qui vous apporte le plus de satisfaction dans votre travail quotidien ?
Je pense que les deux années de pandémie que nous venons de vivre ont changé l'attitude des jeunes collaborateurs vis-à-vis de notre secteur. Alors que jusqu'à présent, c'était surtout l'attrait de la concurrence qui incitait de nombreux jeunes à travailler dans l'industrie financière, c'est désormais de plus en plus la question du sens de leur propre action qui est au premier plan. Cela pose aussi de toutes nouvelles exigences à nous, les cadres. C'est pourquoi je suis très heureux de pouvoir contribuer à donner ce sens grâce à mon expérience. Et je suis encore plus satisfait lorsque je vois ensuite ces collègues faire carrière.

Avez-vous des principes de leadership que vous pouvez partager ici ?

Renforcer les points forts. J'ai appris au cours de ma carrière qu'il y a beaucoup de choses que l'on peut améliorer sur soi-même. Mais il est encore plus important de donner des moyens d'action aux collaborateurs. Ils doivent avoir confiance en leurs points forts. Travailler uniquement à l'élimination des faiblesses ou en parler n'apporte pas grand-chose.

Dans la gestion d'actifs, quelles sont les décisions les plus difficiles à prendre?

Il y a une multitude de décisions difficiles à prendre. Se projeter dans l'avenir et anticiper l'évolution absolue et relative de certains actifs fait partie des processus de décision les plus complexes. Et la complexité n'est qu'un facteur qui doit s'accompagner de la force de mettre en œuvre le résultat de l'analyse. Car le succès a toujours plusieurs pères et l'échec est bien connu pour être orphelin.

Que recommanderiez-vous aujourd'hui à une personne qui débute dans la gestion d'actifs ou à votre cadet?

De ne pas se spécialiser trop tôt et de rester ouvert à la nouveauté. Car comme je l'ai dit, les marchés des capitaux ne connaissent pas de règles fixes. Qui aurait pensé, par exemple, que dans les portefeuilles multi-actifs, la diversification entre les actions et les obligations ne fonctionnerait plus comme d'habitude et que les investissements alternatifs et thématiques prendraient une importance considérable ? Il faut rester vigilant, voir plus loin que le bout de son nez et remettre sans cesse en question ce que l'on a appris.

Que souhaitez-vous encore accomplir dans votre carrière professionnelle?

Je suis très satisfaite de ma carrière. Soutenir les jeunes sur la voie de la réussite professionnelle me comble. En outre, je souhaite continuer à contribuer au renforcement de la culture boursière. Même si celle-ci est déjà bien plus développée en Suisse qu'en Allemagne, il est possible d'accroître encore la prise de conscience de l'importance de la participation au capital productif dans notre pays.

Où trouvez-vous un équilibre dans votre quotidien professionnel fatigant?

Mon quotidien professionnel est certes fatigant, mais pas lassant, car mes trois fonctions de CEO de DWS CH SA, Global Head of Multi Asset & Solutions, et CIO pour la région EMEA m'apportent toujours de nouveaux défis et de la variété. Mais lorsque j'ai besoin de me détendre et de me ressourcer, je me promène dans la nature, soit à pied, soit à vélo. Depuis que je suis petit, j'adore la montagne. Il arrive même que l'une ou l'autre bonne idée me vienne à l'esprit lors de telles excursions. Et bien sûr, ma grande famille me rattrape après une journée de travail trépidant et m'offre le plus bel équilibre.

Vous l'avez dit : l'une de vos fonctions est celle de CEO de DWS CH SA. Quelle importance accordez-vous à cette entité juridique en Suisse ?

Très importante, car on ne peut avoir de succès à long terme en Suisse que si l'on ne fait pas les choses à moitié. Cela implique bien sûr en premier lieu une entité juridique propre comme la SA. Mais il faut aussi une équipe solide de professionnels compétents et expérimentés, capables de comprendre et de satisfaire les besoins et les préférences des clients locaux. Enfin, je pense qu'il est indispensable de mettre en œuvre sur place ses propres compétences en matière de gestion d'actifs, comme nous le faisons avec notre gestion de fonds locale à Zurich, par exemple pour des solutions de mandats sur mesure pour les clients institutionnels.

Pouvez-vous citer trois mesures pour rendre la place suisse encore plus compétitive en matière de gestion d'actifs?

Premièrement, il faut garantir l'attractivité de la place économique par un cadre juridique compétitif au niveau international. Deuxièmement, la place financière suisse devrait jouer un rôle de premier plan dans les placements durables et, troisièmement, assurer l'accès aux marchés internationaux et promouvoir la capacité d'innovation.