"En tant que petit asset manager, nous disposons de l'avantage du first mover".

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Olivier Baggi

Olivier Baggi est le CEO de BlueStar Investment Managers SA, qu'il a cofondé avec les autres associés en 2016. Après avoir débuté sa carrière dans la vente et le trading, il a rejoint en 2005 l'équipe fondatrice d'une société de gestion au Luxembourg, où il a occupé les fonctions de COO et de risk manager. Depuis fin 2006, il est actif dans le domaine de la gestion d'actifs à Lugano, à la fois comme gestionnaire de fonds et comme gestionnaire de portefeuille. Olivier est diplômé en économie de l'University College London et possède un master en finance et économie de la London School of Economics. Il est également titulaire de la charte CFA.

 

BlueStar Investment Managers est un jeune asset manager suisse, fondé en 2016. Qu'est-ce qui vous a motivé à faire ce pas ?

Les partenaires fondateurs, nous nous connaissions déjà depuis plus de dix ans avant de créer la société en 2016. Les relations professionnelles étroites que nous avons entretenues pendant ces années, associées à une véritable amitié, nous ont aidés à créer un asset manager indépendant. L'un des avantages a certainement été l’absence du pression externe ou interne sur les décisions de gestion de portefeuille et sur le type et le style des produits à lancer et à gérer. C'est pourquoi chez BlueStar on partage les mêmes valeurs d'indépendance intellectuelle associées à un fort esprit d'entreprise.

Le marché suisse de l’asset management est très concurrentiel : selon votre expérience, quels sont les facteurs décisifs pour prendre pied et générer de la croissance ?


Le marché est effectivement très concurrentiel, tant en termes de frais que de produits et de stratégies. Je suis fermement convaincu qu'il faut proposer des stratégies de niche qui ne sont pas encore couvertes à grande échelle par les grands acteurs, comme c'est le cas pour notre fonds sur la space economy. Le fait d'être un petit gestionnaire d'actifs nous donne cet avantage de first mover, car nous avons la flexibilité de lancer de nouvelles stratégies avec un faible capital de départ. D'autre part, nous voulons nous distinguer dans les stratégies mainstream, par exemple dans les fonds multi-actifs avec une allocation globale, en étant actifs et flexibles. Nous sommes ainsi capable de prendre des décisions audacieuses chaque fois que cela se justifie et d'investir à moyen et long terme dans des thèmes innovants. En d'autres termes, nous nous ne voulons pas trop nous orienter vers un indice de référence particulier. Bien sûr, on attend tout de même une performance constante et nos investisseurs nous comparent constamment à des concurrents potentiels. Notre indépendance nous permet toutefois d'entretenir une relation étroite avec nos investisseurs, qui ont su apprécier notre transparence et notre honnêteté intellectuelle tout au long de ces années, notamment dans les périodes moins favorables.

Vous vous êtes spécialisé dans les fonds thématiques comme l'espace. Quelle clientèle et quels besoins visez-vous ainsi ?


Avec les fonds thématiques, nous nous adressons aux wealth managers qui gèrent en interne l'allocation d'actifs de leurs clients et qui ont besoin de thèmes d'investissement spécifiques dans certaines classes d'actifs. Notre proposition de valeur est un thème et/ou un secteur qui peut être considéré comme une brique dans une classe d'actifs spécifique du mandat du gestionnaire de fortune et qui offre de croissance à long terme favorable par rapport aux indices traditionnels des marchés financiers.

Après plusieurs revers, la place financière tessinoise s'est à nouveau établie comme troisième force en Suisse : Quels ont été les facteurs décisifs pour cela ?


Au cours des 20 dernières années, la place financière tessinoise a certainement souffert des différentes amnisties fiscales des gouvernements italiens et de la suppression du secret bancaire. Cela a entraîné une grande consolidation dans le secteur bancaire. Celle-ci a permis aux banques de maintenir un niveau élevé et une large gamme de services pour leurs clients. De plus, la stabilité politique et le système juridique et fiscal attractif pour les Ultra-High-Net-Individuals étrangers et les entrepreneurs étrangers qui se sont installés ici ont permis à la place financière tessinoise de regagner le terrain perdu.

Considérez-vous les places financières de Zurich et de Genève comme des concurrentes ?


Non, pas du tout. Nous ne considérons pas les places financières comme des concurrentes entre elles. Pour nous, la concurrence est davantage déterminée par les produits que par la géographie. C'est pourquoi nous considérons plutôt Zurich et Genève comme de grandes opportunités de croissance pour BlueStar.

Dans quelle mesure vous concentrez-vous sur le marché italien avec BlueStar et quels avantages offre-t-il ?


Le marché italien est certainement important en termes de taille et de situation géographique. Toutefois, en raison de restrictions juridiques transfrontalières, nous ne pouvons pas servir directement ce marché. Nous préférons donc concentrer nos efforts sur le marché national pour le moment.

Dans le secteur de l'asset management, on parle beaucoup d'une pénurie de spécialistes : Comment vous et la place financière tessinoise gérez-vous cette situation ?


Je ne partage pas tout à fait ce point de vue. Bien sûr, je parle de mon point de vue chez BlueStar. D'une manière générale, cela dépend du type de services que vous voulez fournir et des compétences dont vous avez besoin. D'un autre côté, cela dépend aussi de la manière dont vous voulez fournir ces services et de l'accès aux compétences nécessaires. En tant que petit gestionnaire d'actifs, nous ne pouvons pas nous permettre d'employer chaque spécialiste dont nous avons besoin. Nous avons donc tendance à rechercher des partenariats et des collaborations avec des personnes et des entreprises qui possèdent les compétences dont nous avons besoin. C'est précisément le cas pour nos deux fonds thématiques, l'un axé sur l'industrie spatiale et l'autre sur le secteur des biotechnologies. Pour les deux, nous travaillons formellement avec des spécialistes internationaux qui nous conseillent sur des questions scientifiques et techniques et avec lesquels nous sommes en contact permanent. C'est pourquoi je suis fermement convaincu qu'à Lugano, avec l'aide d'universitaires et de spécialistes de haut niveau basés dans le monde entier, nous pouvons rendre de grands services en gérant certaines stratégies. En Suisse, nous devons peut-être repenser la manière dont nous recherchons et travaillons avec les spécialistes, en particulier dans ce monde de plus en plus interconnecté.

Quelles sont, selon vous, les tendances déterminantes pour l'avenir dans la gestion de fortune ?


Une standardisation a récemment eu lieu, tant au niveau des produits, par exemple avec l'introduction de nombreux ETF, y compris des produits sectoriels, qu'au niveau des services, notamment pour les petits et moyens clients. Toutefois, si l'on examine de plus près nombre de ces produits standardisés, tels que les ETF sectoriels, on constate que les cinq ou six actions "habituelles" dominent également ce type d'indice, en particulier dans le secteur et les sous-secteurs technologiques. En conséquence, de nombreux investisseurs ne sont pas aussi diversifiés qu'ils pourraient le penser en détenant différents produits dans leur portefeuille. Les gestionnaires actifs de petite et moyenne taille comme BlueStar ont une bonne carte à jouer en proposant des stratégies sectorielles "pure play" sans devoir trop se soucier de la capacité des produits. Ils peuvent ainsi offrir aux investisseurs une plus grande diversification.